Pour la fin de cette première
quinzaine, le programme prévoyait que nous rejoignions à nouveau la marche Jan
Satyagraha à mi-parcours. Or, celle-ci ayant pris fin suite à l'accord entre
Ekta Parishad et le gouvernement indien, nos plans ont évidemment changé.
Pour lors, c'est aujourd'hui 17
octobre, la Journée internationale de lutte contre la misère, et nous rentrons
sur New Delhi pour rencontrer Rajagopal P.V. et discuter avec lui et sa femme
Jill du bilan de cette Marche, ainsi que des collaborations futures entre
Gandhi international et Ekta Parishad. Ils nous donnent rendez-vous chez eux,
dans une maison simple d'un quartier beaucoup moins simple de New Delhi.
Rajagopal nous explique
qu'aujourd'hui avait lieu la première réunion du groupe de travail avec le
Ministre du développement rural, Ekta Parishad et d'autres, visant à appliquer
les engagements du gouvernement. Un prochain grand rendez-vous est déjà fixé à
la fin du mois avec 300 organisations de la société civile pour plancher sur le
contenu précis du cahier des charges de ce groupe de travail. D'où la
mobilisation de ces derniers jours par internet pour inciter un maximum de
citoyens de l'Inde et du monde à faire pression pour que les engagements soient
tenus (par une pétition en ligne d'Avaaz notamment). Rajagopal insiste sur
l'importance, depuis deux ans que cette marche se prépare, du soutien
international par les différents mouvements sociaux et ONG qui ont, de différentes
façons, aidé la Jan Satyagraha. Cette solidarité a été d'autant plus importante
que les mouvements sociaux en Inde vivent une période difficile ; des
révoltes populaires ont eu lieu ces derniers temps, ainsi qu'un gros mouvement
anti-corruption, mais qui se sont ensuite affaiblis. Pourtant, la Marche a
atteint son objectif car le gouvernement, politiquement faible, a eu peur de la
perspective d'avoir à gérer 100 000 sans-terre à l'arrivée à New Delhi, surtout
avec le soutien international que Jan Satyagraha a reçu.
Je demande à Rajagopal si la décision
de signer cet accord avait fait l'unanimité entre les différentes organisations
membres d'Ekta Parishad. Apparemment, autant les organisations étaient unanimes
pour ne pas céder au faux engagement du Ministre lors du lancement de la
Marche, autant elles étaient toutes satisfaites de voir cet accord signé 10
jours plus tard, ce qui devrait avoir des impacts directs notamment sur la vie
des Dalits, les « intouchables », et des peuples de la forêt, les Adivasis.
La concession qu'Ekta Parishad a dû faire concernant la création de comités
d'application de la réforme dans chaque Etat, n'a, selon lui, que de faibles
conséquences, l'essentiel étant de bétonner la réforme au niveau fédéral pour
que les Etats ne puissent pas la contourner.
Nous parlons rapidement d'une autre
lutte efficacement non violente, le boycott d'Israël, qui s'appuie sur la même
vision de la non-violence qu'Ekta Parishad : il s'agit d'abord d'un moyen
stratégique d'action en direction de structures de pouvoir, visant à faire
appliquer le Droit, le Droit, toujours le Droit.
Nous quittons Rajaji et Jill après un
dîner traditionnel indien. Rajagopal ne prévoit pas de sortir d'Inde avant 6
mois : pour construire concrètement cette réforme, il y a du chapati sur
la planche !
Nous apprenons plus tard que la
Marche Le Croisic-Paris vient d'aboutir en beauté au Trocadéro, avec la
présence de nombreuses associations. Plus de 500 personnes sont présentes et
François Hollande a envoyé sa ministre Najat Vallaud-Belkacem pour lire un message adressé
aux marcheurs et aux organisateurs. En France aussi, cela ne fait que
commencer !
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