mercredi 17 octobre 2012

Après la Marche, il y a du chapati sur la planche !


Pour la fin de cette première quinzaine, le programme prévoyait que nous rejoignions à nouveau la marche Jan Satyagraha à mi-parcours. Or, celle-ci ayant pris fin suite à l'accord entre Ekta Parishad et le gouvernement indien, nos plans ont évidemment changé.
Pour lors, c'est aujourd'hui 17 octobre, la Journée internationale de lutte contre la misère, et nous rentrons sur New Delhi pour rencontrer Rajagopal P.V. et discuter avec lui et sa femme Jill du bilan de cette Marche, ainsi que des collaborations futures entre Gandhi international et Ekta Parishad. Ils nous donnent rendez-vous chez eux, dans une maison simple d'un quartier beaucoup moins simple de New Delhi. 
« Nous », c'est Louis Campana, président de Gandhi international, Joseph, son fils et organisateur du voyage, sa femme Isabelle, et Philippe qui reprend son avion ce soir. Anne et Lucille nous ont quant à elles déjà quittés.
Rajagopal nous explique qu'aujourd'hui avait lieu la première réunion du groupe de travail avec le Ministre du développement rural, Ekta Parishad et d'autres, visant à appliquer les engagements du gouvernement. Un prochain grand rendez-vous est déjà fixé à la fin du mois avec 300 organisations de la société civile pour plancher sur le contenu précis du cahier des charges de ce groupe de travail. D'où la mobilisation de ces derniers jours par internet pour inciter un maximum de citoyens de l'Inde et du monde à faire pression pour que les engagements soient tenus (par une pétition en ligne d'Avaaz notamment). Rajagopal insiste sur l'importance, depuis deux ans que cette marche se prépare, du soutien international par les différents mouvements sociaux et ONG qui ont, de différentes façons, aidé la Jan Satyagraha. Cette solidarité a été d'autant plus importante que les mouvements sociaux en Inde vivent une période difficile ; des révoltes populaires ont eu lieu ces derniers temps, ainsi qu'un gros mouvement anti-corruption, mais qui se sont ensuite affaiblis. Pourtant, la Marche a atteint son objectif car le gouvernement, politiquement faible, a eu peur de la perspective d'avoir à gérer 100 000 sans-terre à l'arrivée à New Delhi, surtout avec le soutien international que Jan Satyagraha a reçu.
Je demande à Rajagopal si la décision de signer cet accord avait fait l'unanimité entre les différentes organisations membres d'Ekta Parishad. Apparemment, autant les organisations étaient unanimes pour ne pas céder au faux engagement du Ministre lors du lancement de la Marche, autant elles étaient toutes satisfaites de voir cet accord signé 10 jours plus tard, ce qui devrait avoir des impacts directs notamment sur la vie des Dalits, les « intouchables », et des peuples de la forêt, les Adivasis. La concession qu'Ekta Parishad a dû faire concernant la création de comités d'application de la réforme dans chaque Etat, n'a, selon lui, que de faibles conséquences, l'essentiel étant de bétonner la réforme au niveau fédéral pour que les Etats ne puissent pas la contourner.
Nous parlons rapidement d'une autre lutte efficacement non violente, le boycott d'Israël, qui s'appuie sur la même vision de la non-violence qu'Ekta Parishad : il s'agit d'abord d'un moyen stratégique d'action en direction de structures de pouvoir, visant à faire appliquer le Droit, le Droit, toujours le Droit.
Nous quittons Rajaji et Jill après un dîner traditionnel indien. Rajagopal ne prévoit pas de sortir d'Inde avant 6 mois : pour construire concrètement cette réforme, il y a du chapati sur la planche !
Nous apprenons plus tard que la Marche Le Croisic-Paris vient d'aboutir en beauté au Trocadéro, avec la présence de nombreuses associations. Plus de 500 personnes sont présentes et François Hollande a envoyé sa ministre Najat Vallaud-Belkacem pour lire un message adressé aux marcheurs et aux organisateurs. En France aussi, cela ne fait que commencer !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire